Juste une seule naissance pour dix mille années perdues / Après le temps qui s’arrête, dix mille fleurs volées/ Soufflées sur les songes de ce qui respire encore, sur la Terre et dans l’azur
Aiguilles aux roses des vents / Pour retrouver sens des jours qui nous appellent / Tout ce qu’on était avant, avant que l’amour se perde/ Pour sentir encore l’odeur des fruits délaissées / Les doux parfums qui s’élèvent nous étreignant tout entier
Et comme la soif d’eau étanche le temps qui se perd / On retrouvera l’équilibre chassant l’or noir et les angles / En suivant les ronds légers, les cercles d’oiseaux / Le langage ancien des rêves et l’esprit des eaux qui coulent /
Sans oublier tout / L’âne qui tire la charrette / Les amours et la promesse à faire la vie nouvelle / Le son de la pluie quand les fenêtres ouvertes / On entend la vie chanter / Invit’ à nous rappeler
“The love that exudes from the smell of the earth”
Dialogue à Noujoum
“L’amour qui s’exhale de l’odeur de la terre”. C’est ainsi que l’on peut traduire la calligraphie de l’ami Aziz. J’aime comme l’image de cette calligraphie résonne avec cette chanson.
Dans le cadre du projet “ Les Montagnes Bleues”, naviguant en partie entre le pays du soleil levant et celui du soleil couchant, je souhaitais entendre comment les créations résonnent entres-elles à travers ces pays traversés, liées par l’intention du lien à la Terre-Mère et aux esprits des lieux, entendre comment ces chansons résonnent dans les lieux où elles naissent, inextricablement liées à leurs atmosphères. Je souhaitais aussi voir comment la calligraphie arabe pouvait se déployer en contraste avec la calligraphie japonaise, ou comme en miroir, et voir aussi le corps d’une danseuse marocaine, apporter sa musicalité.
J’ai pensé très instinctivement à Imane Elkabli et Aziz Bouyabrine pour ce dialogue, ainsi qu’à Dounia Ait El Moumen, qui a réalisée la captation de cette vidéo, car ils semblaient avoir les qualités que je recherchais : la simplicité, le coeur, le talent, et la capacité de se mettre à l’écoute du monde sensible, de l’invisible, du vivant fragile.
Pour paraphraser le moine zen “Ryokan”, je n’aime pas “la cuisine des cuisiniers”, tout autant que je n’aime pas “la poésie des poètes”. Cela peut paraitre ironique d’écrire cela, mais ça n’est pas le cas, j’entend quelque chose dans ces mots, et je vous laisse sentir par vous-même ce qu’on peut y entendre. J’aime créer avec des artistes que je sens en résonance avec cet état d’esprit.
“Une Seule Naissance” est très naturellement, dans sa couleur, reliée à l’Orient, au Maroc, à Marrakech, ville où je l’ai écrite. Peut-être cette couleur est un peu comme l’ocre-or de la calligraphie de Aziz, ou encore comme le rouge que portait Imane le jour de cette captation. L’ocre d’un sable chaleureux qui réconforte, le rouge d’une fleur pleine de vie. En résonnance avec un ressenti que j’ai eu de la ville, toute de contrastes, cette chanson évoque le jaillissement de la vie précieuse et fragile dans un monde chaotique, la prise de conscience d’en prendre soin, de se rappeller que tous les êtres vivants sont dans le cercle. Elle dit que la soif d’eau nous ramène à l’écoute du chemin des sources claires.